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Interview de Jesus Volt et Plug'n Play. (Août 2013)

Bonjour Julien, merci de nous accorder pour Road to Jacksonville cette interview, peux-tu d’abord te présenter,
nous dire d’où tu viens ? Et quel a été ton premier instrument ?

Je suis de Paname, j’aime ma ville. Elle est assez rock contrairement à ce qu’on pense.
Pas pour jouer malheureusement, ça devient de plus en plus dur, mais à vivre c’est agréable.
J’ai commencé par le piano gamin avant de passer à la basse, qui correspondait mieux à la place
que je voulais prendre dans un groupe.

Qu’écoutais-tu quand tu étais tout jeune ? Quelles ont été tes premières influences musicales ?

J’ai eu la chance de grandir dans une famille où la musique a toujours eu une grande place. A la maison, on écoutait beaucoup de choses variées, du classique, du Brel, du Brassens mais aussi du Jazz et du blues comme celui de
John Lee Hooker qui m’a le plus marqué. Ça m’a aidé à être curieux et à m’ouvrir à d’autres choses que les potes
de l’époque qui étaient branchés Top 50.
Ma première vraie claque musicale a été AC/DC. J’avais l’impression que ça me parlait directement et ça n’appartenait pas aux parents. Pendant 6 mois, je crois que je n’ai écouté que Back in Black et If you want blood. Avec les Stones, c’est les 2 groupes qui m’ont donné envie de faire de la musique.

Quels ont été les bassistes qui t'ont influencé ?

Bill Wyman, John Paul Jones, Cliff Williams, Duck Dunn, Leon Wilkinson, il y en a tellement. J’aime les bassistes
de groupes, ceux qui se mettent au service de la chanson, qui ne sont pas là pour se mettre en avant.
C’est la conception que j’ai de l’instrument.

Je t’ai découvert car tu jouais avec Sylvain Laforge, vous vous connaissez depuis longtemps ?

Depuis le bac, ça ne nous rajeunit pas….

Peux-tu nous rappeler vos diverses collaborations ?

On a commencé à faire de la musique ensemble. C’était un angus en puissance, ça a collé tu penses. On a joué avec différents line up avant de terminer en trio avec Speyside que tu connais. Je joue aussi avec lui et Lord Tracy
dans différentes formations, des groupes de covers ; The Tubes (des hits de toutes sortes repris rock’n’roll),
Lord Tracy&Co et un tribute aux Stones, Main Street Negritas.

On te connait aujourd'hui principalement avec Jesus Volt et Plug'n Play, pourtant tu n'étais pas à l'origine le bassiste de ces deux groupes. As-tu participé à la fondation d'un groupe ? Comment d'après toi a-t-on pensé à toi pour arriver à compléter ces deux groupes après le départ des bassistes ?

Je connaissais Lord Tracy avec qui on commençait à monter des projets en 2008. Il m’a appelé quand ils ont eu un problème de bassiste dans Jesus Volt. Ca a collé de suite, notamment avec El Tao, tant humainement que musicalement. Pareil avec Plug. On avait joué ensemble avec Jesus Volt et Speyside, on se connaissait bien.
J’avais déjà remplacé Jean-Fi une fois ou deux. Quand il a décidé d’arrêter le groupe, Alan m’a appelé.
Tout se fait pas connaissance et amitié, c’est comme ça que j’envisage la musique de toute façon.

J’avais bien apprécié votre concert de Bordeaux, avec Speyside, reformerez-vous ce groupe ?

C’est en projet. On était un peu pris chacun de notre côté avec Sylvain mais on va remettre le groupe sur pied.
Mais on aimerait revenir avec des titres studio avant.

Comment en es-tu venu à jouer avec Alan et Christophe dans Plug’n Play?
Ne sont-ils pas trop durs avec toi ?
Comment as-tu vécu l'alternance instaurée un temps avec Fred Guillemet (GL Band, Shakin' Street...) ?

Quand tu pars sur la route avec Lord Tracy pendant plusieurs années et que tu partages sa chambre, tout te parait doux et calme ensuite (rires). C’est moi qui embête Plug sur la route !! Je prends soin de mes petits vieux!!
C’était cool d’alterner avec Fred. Je le connais grâce à Sylvain qui jouait avec lui dans le GL Band et Satisfaction.
Un super bassiste. Comme on n’a pas le même jeu, je pense que ça a apporté des couleurs différentes sur Ready for the Bounce. Et puis on avait chacun un emploi du temps chargé et ça permettait de ne jamais mettre le groupe dans l’embarras avec des dates qui se chevauchaient avec Jesus Volt. En ce moment je crois qu’il remonte Face to Face.

Avez-vous un nouveau disque de Plug’n Play en préparation ?

On a pas mal de nouveaux titres. On aime les tester en live avant de les enregistrer mais c’est en projet oui.

Peux-tu nous en dire plus sur ce que fait aujourd’hui Sylvain ?

Il joue dans Handful of Dust, le groupe de Farid et Vivi de Trust et dans Lux, avec Angela Randall au chant,
entre autre.

Sais-tu ce que devient Lénine Mac Donald, ton prédécesseur à la basse dans Jesus Volt ?

Il a monté un projet sous son nom, il a sorti un album l’année dernière sur lequel Tao joue de la guitare.
Il en prépare un autre en ce moment.

Peux-tu nous dire comment et où a été enregistré le dernier disque de Jesus Volt ?

On l’a enregistré au studio Black Box vers Angers. Une caverne d’Ali Baba de matos vintage. On a tout fait en analogique, sur bandes, c’était génial. Peter Deimel est un grand ingé son, et sa collaboration avec Mark a été très bénéfique pour nous.

Comment s’est passée votre collaboration justement avec Mark Opitz qui a travaillé avec AC/DC, Kiss,
Bob Dylan ou encore Alice Cooper ?

Une superbe rencontre. Quand on s’est retrouvé début 2011 pour préparer l’album, on voulait vraiment se poser, arrêter de tourner intensément comme avant et faire un vrai travail en amont pour trouver un producteur. On a été maquetter les titres en studio et on a contacté Mark. On avait constaté qu’il travaillait encore et avoir l’ingé son de Powerage qui débarque d’Australie pour bosser avec toi c’était une énorme fierté. Et puis le gars est super gentil et te met tout de suite à l’aise. Son travail était discret, par petites touches, un changement de rythme par ci, un pont par là, mais il a réussi à débloquer les endroits qui coinçaient. Il nous a aidés à comprendre ce qui pouvait clocher sur certaines compos, à nous concentrer sur le groove, à aller à l’essentiel. Le travail sur le chant aussi a été énorme. Il a vraiment travaillé avec Lord Tracy pour l’aider à choisir parmi ses idées les plus efficaces et il n’a jamais aussi bien chanté que sur ce disque je trouve. Le confort en studio avec des gars d’expérience comme Peter et lui était énorme. Quand Mark passait la tête dans la pièce pour nous dire que la prise était bonne, tu pouvais leur faire une confiance absolue. Pour des zicos qui sont toujours en train de douter, ça libère d’un poids.

Peux-tu nous en dire plus sur certains titres qu’on a appréciés tout particulièrement, tout d’abord « Have A Cookie » ?

Ça fait partie des morceaux sur lesquels on bloquait un peu. On a travaillé énormément pour trouver le bon groove batterie – basse. Et quand Lord Tracy a trouvé cette façon grave de chanter le refrain, ça nous a un peu libérés. On aime cette façon de jouer ces titres funk –rock zeppelinien et Tao lâche peut-être son meilleur solo de l’album sur ce titre.

On a bien aimé aussi « I Just Wanna Get Hurt » et « Kilmister « ?
Peux-tu nous en dire un peu plus sur ces deux titres ?

Kilmister est notre hommage à Lemmy. Comme Keith Richards, c’est un survivant. Ils ne sont pas beaucoup à pouvoir prétendre incarner le rock’n’roll. Lemmy en est un. Avec AC/DC, Motörhead représente une certaine intégrité dans le business.
Hurt est un morceau plus sombre, plus « chanson » que j’affectionne particulièrement, d’autant plus qu’il est venu très vite. Et puis en live, les deux sont un régal à jouer !!
Ces morceaux incarnent bien aussi l’évolution dans les compos. Pour cet album, on ne s’est vraiment imposé aucune limite, de style, de tempo. Un morceau rapide comme Kilmister n’aurait pas pu exister auparavant, de même qu’un morceau plus « pop » comme Just wanna get hurt. Inconsciemment le groupe s’imposait des barrières, elles n’existent plus aujourd’hui.

Peux-tu nous dire quel style de musique fait Jesus Volt ? Une sorte de Jon Spencer Blues Explosion français ?

Je dirais du Heavy hard rock’n’roll blues!! En fait je ne sais pas trop. Comme je te le disais, on ne s’impose aucune limite et s’il faut jouer avec des samples électro cela ne nous dérange pas non plus. Je pense qu’on fait du rock’n’roll mais comme nos influences vont de John Lee Hooker à Motörhead en passant par la funk 70’, AC/DC et les Beatles, c’est assez large. La seule chose c’est l’importance de toujours garder une touche de blues, même quand on fait un morceau plus hard rock ou électro.

Comment expliques-tu que Jesus Volt soit souvent plus apprécié à l’étranger qu’en France ?

Je ne sais pas si on est plus apprécié à l’étranger, c’est surtout que les possibilités qui nous sont offertes pour jouer y sont plus importantes, en Allemagne par exemple. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être que la France a plus tendance à ranger les groupes dans des cases et on est souvent trop blues ou trop rock. En même temps, on vient d’ouvrir pour ZZ Top sur plusieurs dates en France et l’accueil a été super. Je pense vraiment que ce sont les programmateurs qui coincent, pas le public qui nous apprécie ici ou ailleurs quand on nous donne l’occasion de jouer.

Lors du concert de La Chapelle, le 1er juin, tu as enchaîné deux concerts à la suite, soit près de 3 heures sur scène en continu, le plus dur, est-ce physiquement ? Ou le plus dur est-il de changer de groupe, de repères ?
Ou est-ce de garder sa concentration ?

La concentration, surtout quand les autres commencent à faire la fête et que toi tu dois faire gaffe (rires). Physiquement ça va, je suis encore jeune, surtout par rapport à ceux qui m’entourent sur scène!! Et puis 2-3h de concert, ce n’est pas plus long que lorsqu’on joue dans un club donc ça ne change pas grand-chose. Le plus dur est de se souvenir de tout et des repères, notamment avec des batteurs différents. Mais c’est un plaisir aussi.

Le style de rythmique de Plug'n Play est très différent de celui de Jesus Volt, et ton rôle en tant que bassiste l'est aussi. Comment arrives-tu à te couler à chaque fois dans le style du groupe ? Quelles sont les difficultés majeures que cela provoque ?

Comme je te le disais, bien coller au batteur est important et chacun a son style propre, donc il faut faire attention à cela. Mais j’aime justement jouer avec des personnes différentes et que ce soit avec Eric ou Holy Bear c’est un régal. Sinon le changement vient des deux guitares dans Plug&Play. Il faut s’adapter tant scéniquement que musicalement car la place n’est pas la même que dans Jesus Volt. Mais bon, on navigue dans les même eaux, avec les mêmes influences donc mon jeu ne change pas vraiment, c’est plus une autre facette qui est mise en avant.

Peux-tu nous en dire plus sur ton matériel basse et amplis ?

Je suis un inconditionnel des Fender Precision. J’en possède deux, une US de 75 et une autre de 97. Sinon je possède plusieurs amplis (Orange, Sunn, /13, Ashdown), que j’utilise selon les différentes configurations mais c’est évidemment ceux avec lampes qui me plaisent le plus.

Tu sembles assez fidèle à ton matériel, quelles évolutions majeures a-t-il connues ?

Je viens d’acquérir une tête /13, c’est celle que j’avais à la Chapelle et le son est énorme. Chris et Alan jouent sur Divided depuis 2-3 ans et je voulais vraiment essayer pour la basse. Cédric de La Souris Plate me l’a prêtée pour enregistrer l’album et j’ai fini par craquer. Cela fait vraiment une différence au niveau qualité.

As-tu encore une basse ou un ampli qui te fait rêver ?

Quitte à faire une infidélité à Fender, j’aimerais bien essayer une Thunderbird. J’aime le look et le son. Le bassiste de Little Caesar en avait une à La Chapelle et ça m’a encore redonné envie. Sinon me faire fabriquer ma basse par un luthier un jour, ça me brancherais bien.

Quels sont tes désirs avec Plug’ n Play et avec Jesus Volt ?

Retourner en studio cette année ou courant 2014, avec les 2 groupes. Et tourner encore plus. Les dates avec ZZ Top ont aussi été très cool et quelques nouvelles 1ère parties notamment pour AC/DC nous tenteraient bien (rires).

Actuellement qu’écoutes-tu sur ta platine disque en 2013 ?

A part les éternelles vieilleries, j’ai découvert Rival sons cette année et j’aime beaucoup.
Jim Jones Revue et Vintage Trouble aussi.

Si tu devais finir ta vie sur une île déserte, quels sont les 5 disques que tu emmènerais avec toi ?

. AC/DC: If you want blood
. AC/DC: Back in Black
. Rolling Stones: Exile on main street
. Led Zeppelin: III
. The Who : Who’s next

Nous te remercions d’avoir répondu à nos questions et souhaitons te retrouver sur la route.

(questions par Philippe Archambeau et Yves Philippot)

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